Hello les gribouilleurs,
5h30 ce matin, j’entends David Goggins qui raconte qu’il faut vaincre le matin, il faut sortir du lit pour commencer sa journée par une victoire…c’est le discours que j’ai choisi comme réveil en fait. Mais, ce matin, je n’ai pas envie de me réveiller. Alors je l’entends de loin. Dans ma tête, le mot courbature a pris tout l’espace. Je n’ai pas de courbature ce matin, seulement des souvenirs de la veille. Donc je ne sais si c’est le mot qui me pose problème où alors je me contente de projeter sur moi des douleurs qui ont fini leur job.
Je commence à refaire le planning de ma journée: finalement je vais me lever à 9h10 et commencer directement la réunion du matin. Qui a dit que je suis obligé de me réveiller tôt tous les jours. J’ai droit à quelques jours de répit. J’essaie de me convaincre que poursuivre mon sommeil est une mauvaise idée, mais je ne suis pas convaincu. Je pense que je me mens déjà un peu trop et ce matin les bonnes résolutions sont dans le panier des choses à jeter. Et pourtant au bout d’un moment, je me dis comme si de rien n’était, tu es en vie et tu as un planning. Ouvre les yeux et écrit. Mon but au moment où je prends mon téléphone est de noter mes grâces (juste des mercis). Mais voici ce qui a finalement émergé et je voulais vous partager cette petite réflexion du matin.
J’ouvre finalement les yeux. J’ai pris un engagement. Je ne me réveille pas tôt pour faire joli. C’est l’engagement que j’ai pris envers moi-même comme gage de mon amour. J’ai décidé de vivre dans une zone instable. Oui, se réveiller très tôt est une décision qui vous coûte. Surtout les premiers jours. Mais ça fait des mois. Et je pensais avoir trouvé la formule magique. Alors avoir du mal à me lever ce matin sonne légèrement comme un échec. Ce matin, les méfaits de mon engagement pèsent plus que les bienfaits. Et j’ai le sentiment que sortir du lit à cette heure-ci révèle une sérieuse malchance. Mais l’idée n’arrive pas à se fixer pendant suffisamment longtemps. Parce que 3h de plus par jour, ce n’est pas rien. Alors je prends mon téléphone et j’écris. J’écris pour remercier le ciel pour la belle aventure qu’est la vie. Et oui, elle est belle des matins où on prend la décision de dépasser la peur des désagréments d’une matinée qui semble perdue d’avance. Une matinée perdue? Je me demande bien pourquoi? Perdue, comment? Perdue, par habitude? Perdue, par anticipation? En fait, c’est une journée perdue, parce qu’on a prévu de perdre. Elle est perdue parce qu’on a l’habitude de perdre. Elle est perdue parce qu’on ne sait pas faire autrement. Elle est perdue parce que le passé dit que c’est à ça qu’on appartient.
Mais ce matin, je refuse de jouer aux apprentis sorciers et de prédire quoi que ce soit. Je vais suivre mon planning de la journée. Je refuse de condamner cette journée alors qu’elle a à peine poussé son premier cri. Je refuse d’être la marionnette de mon passé. Je refuse de jouer la diseuse de bonne aventure. Parce que je sais que si j’ai souvent gagné à ce jeu c’est parce que j’avais mes intérêts, il est si facile d’être une victime. Mais aujourd’hui, cette prédiction ne me sert pas. Alors ce matin je mets en échec toutes les prédictions. Parce que l’avenir appartient à l’avenir. Et si vous ne me croyez pas, demandez-vous combien de fois les prédictions de la météo, des sorciers, des marabouts et autres ont échoué? Qu’est-ce qu’on se dit dans ces moments? Ce sont des charlatans. Si ces gens sont des charlatans, devinez qui fait partie de leur club. Nous.
“Je ne vais pas atteindre mes objectifs parce que je suis maladive” alors je ne fais rien. Je passe mon diplôme d’expert en plainte. “Je ne vais pas postuler parce que ça s’est mal passé pour ma cousine et d’autres amis”. “Ces gens-là recrutent uniquement les gens qui sont dans leur cercle”. “Je ne vais pas aller à ce rendez-vous parce que les hommes sont tous des ###”. “Je ne vais pas retourner à l’école parce que j’ai échoué”…ça vous parle un peu? A moi oui, en fait, quand nous n’avons pas le courage de prendre les rênes de notre vie, nous cherchons des coupables et comme avoir des coupables n’est pas suffisant, nous faisons des prédictions et nous adaptons nos actions à ces prédictions. Après tout, il faut un coupable à nos échecs, qui de mieux que le mauvais sort. Ce pauvre concept que personne ne défendra. Et bien mon aventure matinale m’a donné envie de défendre les droits de la malchance et de la malédiction. Laissez-les tranquilles. Et prenez vos responsabilités. Oups prenons nos responsabilités, petits charlatans que nous sommes. En tout cas ce matin j’ai réussi à sortir de mon lit. Et j’aimerais que vous puissiez y arriver vous aussi.
En tous cas demain je réessaie, mais je ne vous dirai pas si ce texte m’a aidé ou pas. D’ici là, je vous aime un peu, beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.
Image par Perez Vöcking de Pixabay