2,5 Kg de detresse en moins

Hello les gribouilleurs,
Cet après-midi, j’ai fait un inventaire de mes pensées et j’ai trouvé que le ratio pensées qui condamnent, pensées qui encouragent, était très déséquilibré. Je me suis demandé pourquoi il était si important pour moi de ralentir mon bonheur, de combattre des monstres invisibles, de repousser mes rêves et mes ambitions. De là est né ce texte. Dans ce texte, j’utilise une image forte mais qui peut prêter à confusion et heurter certains. Je tiens donc à souligner que je ne porte aucun jugement sur le poids des personnes. L’obésité est une maladie qui entraîne avec elle beaucoup d’autres problèmes. Ce n’est pas un motif de raillerie, ce n’est jamais une raison d’être méchant ou irrespectueux. Maintenant que c’est dit, bonne lecture.


À la naissance, nous sommes comme cette année qui sort à peine du ventre de la terre, prêts à recevoir tout ce que le monde a à offrir, sans filtre, sans rejet. Nous tombons et, sitôt, nous nous relevons. Nous apprenons à marcher sans qu’on nous donne de guide, nous prononçons nos premiers mots sans l’aide d’un professeur. Et puis, avec le temps, nous nous remplissons de ce que le monde nous offre. Mais, à l’image de ceux qui ne mangent que des chicken wings et du Coca trois fois par jour, nous finissons obèses : obèses de toutes les mauvaises paroles que nous avons entendues, obèses de tout ce à quoi nous aspirons, obèses de ce que nous avons fait ou pas fait.

Nous arrivons alors à l’âge adulte avec la certitude que la masse fait la force. Mais tout nous essouffle. Nous racontons des histoires passées pour faire bonne figure parce qu’au fond, quelque chose en nous a complètement disparu. Nous avons peur de tout et nous appelons cette peur « prudence ». Nous nous croyons sages parce que l’expérience compte. En tout cas, c’est ce qu’on nous a dit. Nous ne sommes pas convaincus, mais au moins nous avons une raison de faire passer un rayon de lune pour un rayon de soleil dans nos vies sans heurter la sensibilité des autres.

Au fond, nous sommes conscients qu’il n’en est rien. Nous savons qu’il y a quelque chose en trop. Nous pouvons mentir à tout le monde, mais pas à nous-mêmes. Parce que le réveil est lourd chaque matin et la formule agréée est : je me réveille uniquement à cause du travail. Parce que sinon, je profiterais de mon sommeil. Comme la vie est étrange ! Enfants, il fallait nous forcer à dormir, et maintenant c’est notre hobby préféré. Au moins, les parents peuvent être fiers : nous avons appris que le sommeil est une bonne chose. Mais maintenant, la sieste n’est plus vraiment dans le planning. Un adulte qui fait la sieste est vite condamné, parce qu’un adulte, ça ne fait pas ça. Un adulte heureux est une utopie, un enfant heureux est innocent.

Mais aujourd’hui, une petite voix me crie, comme le médecin d’un futur diabétique : vous avez besoin de perdre du poids. Je l’entends comme une insulte parce que j’ai obéi à toutes les règles. Mais la petite voix insiste. Comme le médecin, elle me dit que c’est impératif, sinon c’est sur une civière que je reviendrai. Comme tout patient qui se respecte, je demande à cette voix douce, qui paraît bienveillante, si elle n’exagère pas un peu. J’ai juste pris un peu de poids, le poids de l’âge. Je me plains seulement plus qu’avant, je ris seulement moins, les jeux me dégoûtent seulement un peu, mes regrets feraient seulement des semaines de chapelet. Je dois seulement consulter 30 experts avant de décider si je suis ami ou pas avec un autre humain. Non, la vie ne pèse pas, je suis juste un peu engourdi. Vous voyez, tout va bien.

Je rêvais d’être une grande personne. Aujourd’hui, c’est fait : personne ne peut m’enlever ça. Ça pèse un peu, mais je pèse un peu. Ça ne compte pas. Ce ne sont que des kilos de regrets, de blessures béantes et cachées, mais ça ne compte pas, tout comme ça ne comptait pas pour mes parents. Le médecin, devant son patient, secoue la tête en désespoir. La voix dans ma tête s’arrête. Elle réessaiera le premier janvier prochain, en espérant que mes kilos en trop ne m’auront pas emporté.

En septembre, alors que j’étais en pèlerinage, un ami m’a demandé pourquoi je gardais ma bouteille en verre d’un litre et demi, qui pesait 2,5 kg avec l’eau. Je lui ai répondu que l’eau était plus fraîche. Il a souri et n’a plus rien dit. Quelques kilomètres plus tard, alors qu’il prenait une route différente de la mienne, j’ai posé la bouteille sur la table et je lui ai souri sans rien dire. J’avais compris. Quand j’ai enlevé la bouteille de mon sac, j’ai eu l’impression que mon sac avait le poids parfait. J’étais d’accord pour me passer d’eau fraîche.

Les préoccupations qui nous minent sont comme ma bouteille en verre. Elles ont une bonne raison d’être là. Très souvent, elles nous protègent de quelque chose qui nous a fait mal et que nous ne voulons pas revivre. En repensant aux émotions que nous avons ressenties — la douleur à la poitrine, la température qui chute d’un coup, les mâchoires qui se serrent, la voix qui tremble de colère — nous nous disons : plus jamais ça. Et ça tient la route. Ces émotions étaient valables. Mais vouloir les enterrer en se cachant, c’est comme garder le messager prisonnier parce qu’il a apporté un mauvais message. Ça ne change rien au message, ça ne change rien à la réalité. Le messager ne fait que porter une information, comme nos émotions se contentent de parler de nous, de ce que nous ressentons à un moment donné. Les enfermer, vivre la vie présente en les utilisant comme GPS ne nous emmènera nulle part.

Alors en ce début d’année, j’ai une idée folle. Vous voyez les 2,5 kg d’eau fraîche qui viennent de la bouteille en verre alors que vous avez une bouteille en plastique ? Déposez-les sur une table et dites au revoir. Ce poids supplémentaire ne vous rend pas la vie meilleure. Cet examen que vous avez raté il y a 10 ans est déjà passé, terminé. Il vous a apporté ou retiré tout ce qu’il avait à prendre. Cette rupture qui vous sert de baromètre pour évaluer la qualité d’un nouveau partenaire n’a pas les compétences pour cela. Savoir à quoi ressemble un vilain vous rend compétent pour les éviter ou les attirer, mais pas pour reconnaître les gens bien.

Lâchez prise. Déposez les armes. La vie n’est pas contre vous. Elle est seulement loin des contes de fées auxquels on vous a fait croire. Mais si on se libère un peu, on se rend compte qu’elle est plutôt bien comme compagne.

Paulo Coelho a écrit dans L’Alchimiste : « Quand on veut une chose, tout l’Univers conspire à nous permettre de réaliser notre rêve. » En 2025, mettons l’Univers au travail. Après tout, il n’attend que ça. Ceux qui ne rêvent pas ne réaliseront jamais leur rêve. Ceux qui rêvent iront d’échec en échec, mais un jour, à coup sûr, ils réussiront. Et bonus : ils auront une histoire d’ascension à raconter.

Je suis comme vous. Je cherche le bonheur, et je compte bien le trouver. Je vous aime. Un peu, beaucoup, passionnément… mais je me garde la folie.

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