Gribouillis d'adultes

Un million de likes, un million d’amours

Hello les gribouilleurs,

Ce matin, je restaure une archive. Un jour,  alors que je scrollais (activité sportive qui peut-être utile ou pas) j’ai vu le poste d’une amie que je n’avais pas vu depuis longtemps. J’étais tellement contente de voir cette photo. Je trouvais qu’elle était magnifique et j’étais heureuse qu’elle ai l’air épanoui et en forme. J’ai envoyé un émoji coeur. Je n’ai rien écrit, 1000 questions me traversaient l’esprit. J’aurais aimé lui parler, discuter  de ces moments que nous avons passés ensemble et qui ont construit nos vies. Mais je n’ai rien dit. J’ai envoyé un émoji coeur et je passais déjà à un autre poste. C’était celui d’une influenceuse qui avait une jolie coiffure. J’ai également commenté avec un émoji coeur. Je n’y ai pas pensé, je me suis fait un avis express et je suis passé à autre chose.

Un emoji coeur, sourire, rire pour répondre aux statuts d’une amie qu’on n’a pas vue depuis longtemps peut-être porteur de nombreux messages. Pour parler de mon cas ils disent souvent j’aime beaucoup, ooooohhhh tu es belle, je te vois, contente d’avoir de tes nouvelles…mais trop souvent j’oublie d’écrire le message qui me tient à cœur. « Comment vas-tu? » , « Comment va ta famille? »,  « Comment t’en sors-tu avec les enfants »,  « Est-ce que tu es heureuse? »,  « Comment se passe ton boulot? »,  « J’ai aimé et je continue à chérir les moments que nous avons passés ensemble en 1953… ». 

Derrière un emoji cœur j’ai mis tous ces messages. Mais l’ami ne les recevra jamais. Parce que je suis passé à un autre statut trop vite et puis à un autre en me disant que j’avais besoin de plus de temps pour les retrouvailles. 3 ans plus tard, je n’ai pas appelé les émojis qui se sont accumulés sous une suite de poste que je n’ai même pas pris la peine de commenter. Mais je suis resté en retrait et pourtant cette amie a une place au chaud dans mon coeur. 

Je pense à plusieurs manières de poursuivre ce texte. Je pourrais vous parler de l’amitié qui s’étiole avec l’âge et la distance mais qui pourtant se réveille de temps en temps avec un appel une fois par an. Mais j’aimerais vous parler d’autres choses. De la valeur que peuvent porter les petites choses et du vide que peuvent représenter certaines plus grandes. Aujourd’hui, il existe un espace dans lequel votre valeur se mesure aux nombres de relations que vous avez sur les réseaux sociaux et au nombre de likes que vous pouvez récolter sur un poste. Il existe un espace dans lequel vous êtes au-dessus des autres parce que votre Instagram explose. Mais il existe surtout un monde où 10 likes sur une photo valent 1000 fois plus qu’un million. La réalité c’est que très souvent 10 likes veulent dire que 10 personnes ont pris une seconde de leur temps pour aimer ce que vous avez partagé. Et pourtant vous continuez à vous voir comme n’étant pas  à la hauteur. 

La réalité c’est que si vous avez 1 000 000 de like, vous devenez un produit marketing. Vos postes sont des produits et que vous le vouliez ou non 1 000 000 de personnes pensent avoir un droit de regard sur ce que vous faites. Dans la vraie vie, celles des humains et des arbres tordus,  10 likes c’est comme 10 bonjours dans une journée, comme 10 tu es joli, tu es beau, comme 10 tu es courageux(se). 

Je suis toujours triste de voir des jeunes en dépression parce qu’ils n’ont pas suffisamment de likes (100 ce n’est pas assez). Les réseaux sociaux nous ont éduqués pour confondre le fait d’être un produit et le fait d’être humain. Je le dirai dans tous mes postes s’il faut. Votre valeur réside dans le fait que vous êtes ici et vous êtes en vie. Votre valeur et vos likes ne sont pas liés. Un million de likes et un million d’amours ne se valent malheureusement pas. Par contre je vous invite (je m’invite) à chérir l’amour de mes amis et les 10 likes (2 likes) sous ce poste. Et d’ici à ce que je trouve une nouvelle inspiration, prenez soin de vous. Je vous aime un peu, beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.

Photo par Count Chris sur Unsplash

Ma vie est POC géant

Hello les gribouilleurs,

Je suis en pleine rétrospective et je me dis que je me prends vraiment pour une scientifique de l’existence. Pas dans le sens, je sais tout sur tout. Loin, loin de là. C’est plus dans le sens où je me lance souvent dans des expérimentations un peu abracadabrantes. Parfois j’ai une vraie stratégie derrière. Mais la plupart du temps je m’amuse surtout à tester les prévisions de mon éducation sur les choses qu’il ne faut pas faire au risque d’être banni par exemple.. En pensant à toutes ces folles expériences ce matin , je finis par me dire que ma vie est un POC grandeur nature.

Commençons par définir un POC (Proof of Concept). Il s’agit d’une méthode utilisée en gestion de projet pour évaluer la faisabilité et la pertinence d’un produit. Elle consiste dans plusieurs cas à produire un prototype qui permet de tester que ce dernier répond bien à un besoin et qu’il est faible. Je suis fasciné par les POC. C’est l’une des choses que j’aime le plus dans mon travail. Parce qu’il n’y a pas de cadre. Vous pouvez ajouter autant de technologies, de contenu que vous voulez. Cependant les POC peuvent aveugler tout le monde et être perçu et intégré comme produit. Lorsqu’un POC marche, on oublie que c’est un prototype, ce n’est pas un produit fini, il n’a pas subi tous les tests, on n’a pas vérifié toutes ses applications. Et pourtant beaucoup de produits défectueux ou de mauvaises qualités ne sont que des prototypes qui avaient pour but de tester le marché, qui aurait dû finir dans un placard ou retourner dans un laboratoire et pourtant les voila sur le marché.

Je vois donc beaucoup des perceptions qui ont la peau dure dans ma vie comme des POC. Ma vie est une rivière de prototypes que j’ai transformée en produit souvent alors qu’il n’était pas près pour les tests. Je vous explique ça avec un exemple. Il y a 20 ans lors d’une soirée au collège, j’ai embrassé (ou il m’a embrassé) un garçon de ma classe. Je ne l’avais jamais vu comme un potentiel petit ami, mais vu que je pensais ne pas avoir droit à ce type d’aventure, je me suis sentie honorée. J’étais contente de sortir enfin de la zone “Intello”. Nous n’en avions pas parlé avant, nous n’avions jamais eu une conversation qui allait dans ce sens et pourtant emportés par la musique, c’est arrivé. Alors qu’une petite minuscule flemme commençait à émerger, il m’a fait parvenir un mot le lendemain pour me dire qu’il n’était pas intéressé par moi, monsieur était amoureux d’une autre. En lisant le mot, j’ai oublié qu’il n’était pas ma target. Je n’ai pas pensé que ce n’était qu’une expérience, j’ai oublié qu’on n’en avait jamais parlé, que je le voyais juste comme un camarade (même pas un ami). Je suis rentré dans le magasin des étiquettes et j’ai récupéré l’étiquette: “pas assez bien pour être aimée”. C’était une étiquette emplie de honte; je l’ai porté et c’est devenu ma réalité. 20 ans plus tard, je continueais à porter cette étiquette. Ce jour-là, j’ai transformé un prototype en produit fini. Le pire c’est que j’ai fait des gribouillis d’un adolescent (et pas des plus futés) ma réalité d’adulte et dans ma tête ça avait un sens.

Cette histoire n’est qu’un exemple parmi des centaines. Parce qu’en matière d’absorption de négativité je pense que j’étais passé maitresse. En fait, j’étais une éponge ambulante, j’absorbais le bon comme le mauvais. Je ne regrette rien. J’aime chaque bout de mon histoire même si je me demande souvent ce que j’avais contre la simplicité. Aujourd’hui, mon poste a pour objectif de vous parler des produits finis.

Pour commencer le jour où vous serez un produit fini, vous ne serez plus de ce monde. Mais vous pouvez être un produit de qualité qui continue néanmoins son ascension. Un produit qualité se construit sur le long terme et pour le long terme. Le vite fait bien fait n’existe que pour les actions, les étapes et les tâches. Et le produit de qualité ne rentre dans aucune de ces catégories parce que c’est un projet. Votre vie spirituelle, votre vie amoureuse, financière, professionnelle… ne sont pas des tâches, mais des projets gargantuesques. Et des projets de cette taille nécessitent en général beaucoup d’étapes. Il parait que rien de valeur ne se fait pas un jour, il faut du temps et une stratégie. Vous ne pouvez pas baser votre stratégie de vie sur un mot ou une phrase. Votre personnalité ne peut pas se construire sur les dires d’un individu. Vous devez être le maitre à bord. Les conseils ont leur place, mais le décideur c’est vous à la fin. Qu’est-ce que vous voulez? Qu’est-ce qui vous motive? Qu’est-ce qui vous rend vivant? Si vous ne trouvez pas de réponse aujourd’hui, ne faites rien. Ne vous lancez pas dans des projets parce que l’âge l’exige. Être un “late bloomer” n’est pas une malédiction. Continuez jusqu’à ce que vous ayez une vision claire de ce que VOUS VOULEZ. Ne le faites pas parce que c’est ce qu’on attend de vous. Ne le faites pas parce que vous avez peur d’être chassé, excommunier, ou quoi que ce soit dans ce registre. Ne le faites pas pour vos parents. Parce que, quel que soit votre choix, vous devrez le porter et l’assumer. Ayez confiance en vos décisions. Et si en chemin les choses ne se passent pas bien, vous aurez toujours le choix d’un nouveau chemin, après tout votre vie est un POC vous pouvez toujours recommencer.

Less Brown dit dans l’une de ses vidéos que l’opinion d’une personne ne doit pas devenir votre réalité. Et je suis d’accord avec lui. Parce que sinon quand vous aurez besoin de changer, vous aurez aussi besoin d’une validation. Quelle autre définition de prison connaissez-vous ? En tout cas je vais m’arrêter là. Je vous souhaite de vous aimer. En attendant, je vous aime un peu beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.

Photo par roderick Sia sur Unsplash

Mendiant de l’amour

Je suis assise sur le trottoir de ma vie, un bol à la main, je répète doucement  aux passants :”s’il vous plait, une petite pièce”. J’ai besoin d’une petite pièce d’amour pour survivre. Et je reste là des jours entiers, la boule au ventre. Je me sens honteuse et sale. Je voulais juste être un peu aimée. Mais à défaut, une petite pièce m’irait. Je ne m’attendais pas à trouver un amour fou dans ma vie, mais je ne m’attendais pas non plus à devoir supplier.

Je suis assise dans mon canapé, mon téléphone à la main. Je regarde un message que j’ai envoyé il y a plus de 24h, les deux barres bleues me disent qu’il (elle) a lu le message, mais je n’ai pas reçu de réponse. Je reste et j’attends, j’ai besoin de ma dose, il me faut cette petite pièce d’amour, juste un centime et j’aurai de quoi vivre encore quelques jours.

Je suis assise dans mon canapé, et oui il (elle) n’a pas répondu à mon message. Mais je respire, je vais bien, je suis heureuse, je vis. Et à ce moment-là j’accepte que j’aie de la valeur et que ma valeur ne peut pas être enfermée dans les pensées et les actions d’un autre que moi.

J’ai été une mendiante de l’amour pendant très longtemps, peut-être trop longtemps. Je vivais ma vie sur la base de la générosité des hommes qui entraient dans ma vie. Et en général il n’était pas particulièrement généreux et pourtant je ne demandais pas grand-chose. Ou peut-être que j’étais simplement vide au point de ne pas être comblée par ce qu’il me donnait. Mais un jour, il n’y a pas si longtemps,  j’ai découvert une mine d’or en moi. J’ai découvert que si je pouvais voir la valeur des autres alors je pouvais aussi voir la mienne. J’ai découvert que si je pouvais aimer les autres alors je pouvais aussi m’aimer. C’est ce que j’ai fait. J’ai commencé à aimer mes parts les moins belles et lentement j’ai vu les estropiés en moi retrouver une belle stature.

Ce matin je suis assise dans mon canapé, les flèches bleues disent qu’il a lu le message, il n’a pas répondu et pourtant je vais passer une excellente journée. J’ai décidé de me rappeler que la vie est un cadeau et qu’il ne me manque jamais rien de manière absolue. J’ai tout ce qu’il me faut ici et maintenant. 

Aujourd’hui j’aimerais vous dire que je sais à quel point il est difficile d’accepter la pensée qu’on puisse ne pas être aimé. Je passe par là tous les jours.  C’est un acte de courage qui demande un certain renoncement au normal et à l’attendu. Cependant ça en vaut la peine. Les humains autour de vous n’ont pas l’obligation de vous aimer, cette obligation vous revient. Vous avez le droit et même le devoir  d’être votre priorité. Vous devez vous remplir d’amour, parce que si vous êtes vide, il sera difficile pour vous de donner et vous serez littéralement incapable de recevoir. Parce que vous serez incapable de croire que vous méritez le beau.

Soyons courageux les amis. Ayons le courage d’être notre premier fan, notre premier amoureux, notre premier coach. Apprenons à attendre en évitant le bouton pause sur nos vies. Ne pas attendre le prochain message pour respirer c’est déjouer les prédictions de toutes les entreprises de commérage que peuvent constituer les réseaux sociaux, la famille, les collègues… Et de dire, aujourd’hui je vais à la conquête de ma vie. Je ne serai pas l’esclave d’un message ou d’un amour sur lequel je n’ai aucune prise. Je serai heureux(se) maintenant, pas dans 1h, pas demain, mais maintenant. Je ne laisserai aucun manque m’empêcher de jouir de la respiration, de la mobilité, de la vue, de la nature, des amis, de la famille, des bons repas, d’une ligne de plus dans un projet…

Ce matin je suis assise dans mon canapé et j’écris. J’écris parce que gribouiller fait du bien. Je vais à la conquête de ma vie et je vous emmène avec moi. Peu importe votre situation, vous n’avez pas à attendre, vous n’avez pas besoin d’appuyer sur pause en attendant qu’un autre humain décide de votre sort. Faites un choix et assumez-le. Si vous décidez d’observer, acceptez que ce soit difficile et mettez votre énergie à contribution dans d’autres domaines de votre vie. 

Tous les jours vous avez une provision d’amour donnée par la vie. Mais à force de vous concentrer sur le manque, vous décidez tous les jours inconsciemment de jeter toutes ces possibilités à la poubelle. Je suis à votre place tous les jours et je dois faire ces choix. Et aujourd’hui je me dis: “Et si?”. En tout cas ce matin je suis heureuse et j’espère que vous aussi vous l’êtes. Je vous aime un peu beaucoup passionnément, mais à la folie.

Image par vijeeshktd de Pixabay

La prison des étiquettes

Hello les gribouilleurs

Je viens de passer un mois particulièrement difficile. En tout cas c’est de cette manière que j’ai étiqueté les 30 derniers jours de ma vie. J’ai été malade. Je trouvais que je travaillais trop, mais je ne m’arrêtais pas pour autant. J’ai mis en pause toutes mes bonnes habitudes et ma discipline de vie. Et je me suis mise en mode “Rien ne va”. Et pour couronner le tout, il faisait décidément trop froid. 

Étrangement, pendant la même période j’ai été félicité pour mon travail de qualité en pleine réunion devant tous les employés. Mais qui s’en soucie. Attendez un peu est ce qu’une chose aussi “banale” pouvait compter dans mon drame? Non, jamais. J’ai reçu un cadeau de mon ami invisible et j’ai assisté à la fête de Noël. Un très joli cadeau. Mais non ça aussi, ça ne comptait pas. C’était acté,  validé par le CEO de ma vie: j’étais dans une période noire et il était hors de question de regarder ailleurs.Il n’y a pas de demi-mesure dans le malheur. 

Avant ces 30 jours, je me réveillais tous les matins à 5h30 et j’allais courir pendant 15 min avant de commencer ma journée. Tous les jours je méditais, je lisais, j’écrivais, je planifiais, j’apprenais et quelque part en moi j’ai commencé à penser que j’avais le droit de réaliser mes rêves. J’étais en train de devenir la meilleure version de moi.  Et puis un matin je me suis senti fébrile. J’avais mal à la tête et j’ai mis ça de côté. Il était hors de question que la maladie me gâche mon plaisir. Il était hors de question que je m’arrête en si bon chemin. Les symptômes ont commencé à s’aggraver et j’ai tu la voix qui me disait qu’il fallait que j’aille voir un médecin. Quand j’ai finalement accepté d’aller à l’hôpital, j’étais trop fatigué et trop énervé. Et mon besoin le plus important a commencé à se résumer à dormir. Tout ce qui ne faisait pas référence au sommeil était sans valeur. J’ai convoqué mon cerveau reptilien et je l’ai mis au contrôle de ma vie. Réveil à 9h, dodo à 23h et rodéo Netflix en continu. J’ai regardé toutes les vidéos Tik Tok que mon cerveau était capable d’ingérer et même plus. J’ai continué à travailler tout en maintenant un certain niveau de qualité. Mais je n’étais pas là. J’ai dansé devant mon miroir, mais je n’étais pas là. J’ai chanté et j’ai médité, mais je n’étais pas là. L’étiquette était plus importante que le reste. C’était décidé, il fallait que je me focalise sur l’essentiel: “Je vivais une période difficile”. Mon histoire était simple et je l’ai entretenue. 

Pourquoi je vous raconte ma vie? Sans doute parce que je suis loin d’être “That girl”. Mais par-dessus tout parce que maintenant que je sors de cette période et que j’ai enlevé l’étiquette. Je me rends compte que je me suis raconté une histoire et que j’ai adapté mon attitude à cette dernière. Aujourd’hui j’aimerais que quelqu’un lise ce poste et sache qu’il faut éviter d’étiqueter une journée, un mois ou une année comme étant bon ou mauvais. Si vous étiquetez par exemple votre journée comme mauvaise, vous adapterez votre attitude à l’étiquette.Vous serez concentré sur tout ce qui ne va pas et  qui a besoin d’être changé. Une telle attitude vous rendra aveugle face aux opportunités. Parce que le problème d’une étiquette c’est qu’elle a besoin de carburant. L’attention que vous portez à tout ce qui ne va pas est ce carburant. 

Zig Ziglar  a écrit  “C’est votre attitude bien plus que votre aptitude qui déterminera votre altitude“. Si vous vous attachez à vos étiquettes, elles détermineront votre attitude. Le problème c’est que les étiquettes sont des prisons et aucune bonne attitude ne peut naître d’un emprisonnement.  Alors, chers amis gribouilleurs  avant de décider de qualifier une journée, une période ou une année rappelez vous que cette qualification est aussi votre carte  allez en prison. Et que si vous n’êtes pas attentifs, vous perdrez de vue l’essentiel. La beauté et la richesse qu’il ne manque jamais à la vie. 

Je vous aime un peu, beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.

Photo par Obed john sur Unsplash

Petit charlatan

Hello les gribouilleurs,

5h30 ce matin, j’entends David Goggins qui raconte qu’il faut vaincre le matin, il faut sortir du lit pour commencer sa journée par une victoire…c’est le discours que j’ai choisi comme réveil en fait. Mais, ce matin, je n’ai pas envie de me réveiller. Alors je l’entends de loin. Dans ma tête, le mot courbature a pris tout l’espace. Je n’ai pas de courbature ce matin, seulement des souvenirs de la veille. Donc je ne sais si c’est le mot qui me pose problème où alors je me contente de projeter sur moi des douleurs qui ont fini leur job.

Je commence à refaire le planning de ma journée: finalement je vais me lever à 9h10 et commencer directement la réunion du matin. Qui a dit que je suis obligé de me réveiller tôt tous les jours. J’ai droit à quelques jours de répit. J’essaie de me convaincre que poursuivre mon sommeil est une mauvaise idée, mais je ne suis pas convaincu. Je pense que je me mens déjà un peu trop et ce matin les bonnes résolutions sont dans le panier des choses à jeter. Et pourtant au bout d’un moment, je me dis comme si de rien n’était, tu es en vie et tu as un planning. Ouvre les yeux et écrit. Mon but au moment où je prends mon téléphone est de noter mes grâces (juste des mercis). Mais voici ce qui a finalement émergé et je voulais vous partager cette petite réflexion du matin.

J’ouvre finalement les yeux. J’ai pris un engagement. Je ne me réveille pas tôt pour faire joli. C’est l’engagement que j’ai pris envers moi-même comme gage de mon amour. J’ai décidé de vivre dans une zone instable. Oui, se réveiller très tôt est une décision qui vous coûte. Surtout les premiers jours. Mais ça fait des mois. Et je pensais avoir trouvé la formule magique. Alors avoir du mal à me lever ce matin sonne légèrement comme un échec. Ce matin, les méfaits de mon engagement pèsent plus que les bienfaits. Et j’ai le sentiment que sortir du lit à cette heure-ci révèle une sérieuse malchance. Mais l’idée n’arrive pas à se fixer pendant suffisamment longtemps. Parce que 3h de plus par jour, ce n’est pas rien. Alors je prends mon téléphone et j’écris. J’écris pour remercier le ciel pour la belle aventure qu’est la vie. Et oui, elle est belle des matins où on prend la décision de dépasser la peur des désagréments d’une matinée qui semble perdue d’avance. Une matinée perdue? Je me demande bien pourquoi? Perdue, comment? Perdue, par habitude? Perdue, par anticipation? En fait, c’est une journée perdue, parce qu’on a prévu de perdre. Elle est perdue parce qu’on a l’habitude de perdre. Elle est perdue parce qu’on ne sait pas faire autrement. Elle est perdue parce que le passé dit que c’est à ça qu’on appartient.

Mais ce matin, je refuse de jouer aux apprentis sorciers et de prédire quoi que ce soit. Je vais suivre mon planning de la journée. Je refuse de condamner cette journée alors qu’elle a à peine poussé son premier cri. Je refuse d’être la marionnette de mon passé. Je refuse de jouer la diseuse de bonne aventure. Parce que je sais que si j’ai souvent gagné à ce jeu c’est parce que j’avais mes intérêts, il est si facile d’être une victime. Mais aujourd’hui, cette prédiction ne me sert pas. Alors ce matin je mets en échec toutes les prédictions. Parce que l’avenir appartient à l’avenir. Et si vous ne me croyez pas, demandez-vous combien de fois les prédictions de la météo, des sorciers, des marabouts et autres ont échoué? Qu’est-ce qu’on se dit dans ces moments? Ce sont des charlatans. Si ces gens sont des charlatans, devinez qui fait partie de leur club. Nous.

“Je ne vais pas atteindre mes objectifs parce que je suis maladive” alors je ne fais rien. Je passe mon diplôme d’expert en plainte. “Je ne vais pas postuler parce que ça s’est mal passé pour ma cousine et d’autres amis”. “Ces gens-là recrutent uniquement les gens qui sont dans leur cercle”. “Je ne vais pas aller à ce rendez-vous parce que les hommes sont tous des ###”. “Je ne vais pas retourner à l’école parce que j’ai échoué”…ça vous parle un peu? A moi oui, en fait, quand nous n’avons pas le courage de prendre les rênes de notre vie, nous cherchons des coupables et comme avoir des coupables n’est pas suffisant, nous faisons des prédictions et nous adaptons nos actions à ces prédictions. Après tout, il faut un coupable à nos échecs, qui de mieux que le mauvais sort. Ce pauvre concept que personne ne défendra. Et bien mon aventure matinale m’a donné envie de défendre les droits de la malchance et de la malédiction. Laissez-les tranquilles. Et prenez vos responsabilités. Oups prenons nos responsabilités, petits charlatans que nous sommes. En tout cas ce matin j’ai réussi à sortir de mon lit. Et j’aimerais que vous puissiez y arriver vous aussi.

En tous cas demain je réessaie, mais je ne vous dirai pas si ce texte m’a aidé ou pas. D’ici là, je vous aime un peu, beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.

Image par Perez Vöcking de Pixabay

Les gribouillis: Soyez gentil avec vous-même!!!!

Hello les gribouilleurs,

J’ai plus de 30 ans et mon meilleur ami du moment est un bébé (il m’appelle chiiouchou). Vous avez bien lu « du moment » parce qu’après il sera grand. Et j’ai des doutes sur la pérennité de notre amitié.

Parlant de bouchouchou, si vous lui donnez un crayon et du papier, à tous les coups vous finissez avec une œuvre incompréhensible, et pourtant quelle joie : » bébé dessine ». Les parents ne contesteront pas. La joie de voir un bébé , un crayon à la main, reste partagée par tous (sauf ceux qui n’aiment pas les bébés). il y a quand même une limite. Ces œuvres sont merveilleuses tant que le mur, les canapés et les draps ne se transforment pas en toile. Mais restons concentrés s’il vous plaît.

Chaque parent a, quelque part dans un coin de la maison, posé sur un bureau l’une de ces œuvres. Vous les regardez et vous vous dites que c’est magnifique, parce que dans ces beaux gribouillages vous remarquez avant tout le progrès d’un enfant qui marche vers la vie.

Maintenant, mettons de côté nos merveilleux bébés et regardons nos vies. Si vous y pensez un seul instant, elles ne sont pas si loin des gribouillages d’enfants: si votre vie est parfaite, vous n’êtes pas au bon endroit. Donc je disais à nous les imparfaits, voilà ce qui arrive, nous faisons des erreurs, nous ne sommes pas toujours à la hauteur de nos propres attentes, des attentes de nos parents, de nos amis, des inconnus, des invisibles.. Et nous nous faisons des reproches constants. Nous ne nous trouvons pas assez bien pour nous ou pour les autres. Nous rêvons de notre vie si nous avions correctement dessiné les traits de notre carrière, de notre mariage, de nos relations, de nos finances, de notre santé… mais à la fin de la journée nous faisons face à cette feuille pleine de gribouillis. Beaucoup parmi nous regardent cette feuille avec tristesse. D’autres ne la regardent pas et accusent le monde entier de ne pas être à la hauteur.

Aujourd’hui, je vous propose de regarder à nouveau votre œuvre, regardez les traits, rappelez-vous de la joie que vous avez ressentie au moment où vous avez dessiné chaque trait. Vous étiez convaincu d’avoir enfin trouvé la bonne idée, le bon partenaire, le meilleur boulot. Et c’était vrai. Quand vous avez choisi d’acheter une Louboutin au lieu de payer une formation, quand vous avez choisi Ondoa au lieu de choisir Christian, quand vous avez choisi d’arrêter l’école parce que vous vouliez être artiste, quand vous avez choisi ce travail qui maintenant vous rend triste, vous étiez au diapason du bonheur. Votre vie avait enfin commencé. Ne diluez pas ce bonheur aujourd’hui parce que la Louboutin, Ondoa et l’art ont fait leur temps. Ne vous concentrez pas sur la partie de l’histoire qui fait mal. Ouvrez les yeux sur ce qui vous a motivé au départ. Même si les choses ne se passent pas bien. Toute votre vie n’est pas que malheur.

Regardez votre gribouillage et souriez: dites-vous « J’ai aimé, j’ai vécu, j’ai appris et maintenant je recommence ». Soyez fier de montrer vos gribouillages. Et si vous ne savez pas comment faire, demandez aux tout petits. Tirer une leçon de leur enthousiasme alors qu’ils font des traits de toutes les couleurs qui vont dans tous les sens. Apprenez de leur empressement à partager le résultat de leur labeur. 

Et un petit rappel au passage: nous sommes sur cette terre pour vivre. Il ne s’agit pas d’être parfait. Il est question d’aimer, d’apprendre et d’avoir suffisamment de courage pour tomber,se relever, avancer et garder la tête haute. Et pour finir, je vous laisse cette citation de Brene Brown dans la grâce de l’imperfection: « La grâce signifie que toutes vos erreurs servent maintenant un but au lieu de servir la honte ». Dans cette vie ne soyez jamais vos bourreaux. Le monde se chargera de ça. Apprenez à être gentil avec vous-même et la vie sera plus légère.

Je vous souhaite le meilleur que ce monde a à offrir et qui que vous soyez je vous aime! 

Photos par Maeghan Smulders sur Unsplash

L’oeuvre d’art qui met en colère et comment se renier en bloque

Hello les Gribouilleurs!

J’ai une petite histoire pour vous ce matin (ou ce soir).

Je suis devant le mur. J’ai 5 ans et je souris de toutes les dents. Je viens de réaliser une œuvre de grand ordre. Le papier blanc devant moi est couvert de couleurs et de feutre et je suis heureuse. Quand maman et papa vont voir ça, ils seront contents. À ce moment, j’entends quelqu’un crier derrière moi. Elle est en colère. Je ne comprends pas pourquoi. Ses yeux jettent de véritables éclairs. Elle est au coude à coude avec les jours de grandes pluies. Qu’est-ce qui ne va pas ? Peut-être que si je lui montre mon œuvre elle sera contente et elle n’aura plus cet air. Elle pointe quelque chose derrière moi. C’est mon dessin. Je ne comprends pas. Elle me regarde et elle me demande “Qui a fait ça? Qui a dessiné sur le mur?”. J’entends, mais je ne comprends pas. Je suis un enfant. Le mur? Qu’est-ce que c’est? Je viens de comprendre. Ce n’est pas une grosse feuille blanche derrière moi. C’est un mur et l’on dirait bien qu’il ne faut pas dessiner dessus. J’ai rendu maman malheureuse et maintenant je ne sais plus quoi faire. Alors je me retourne et je fais la première chose qui me passe par la tête. Je réponds de ma voix la plus douce:”Ce n’est pas moi.” Je viens d’apprendre ma première leçon d’autosabotage et de rejet de moi-même. Je viens de décider que si ça ne plaît pas à ceux que j’aime, pour éviter de les rendre malheureux je dirai que ce n’est pas moi. Avec des mots ou une attitude, c’est pareil.

J’ai 30 ans et je viens de recevoir un mail qui parle d’un travail que j’ai fait. Pendant 6 mois on a travaillé comme des damnés et dans le mail quelqu’un s’est amusé à dire qu’on a fait beaucoup d’erreurs et que notre travail c’est n’importe quoi. L’auteur n’a pas utilisé ces mots, mais je ne suis pas dupe, je reconnais l’insulte même lorsqu’on essaie de la cacher sous de grande politesse. Je réponds au mail et avec politesse, je dis que les erreurs en question, ce n’est pas moi et encore moins mon équipe. On a utilisé les informations qu’on nous a données et on a fait notre travail. Au moment où je clique sur le bouton « envoyer », je me souviens d’un événement la semaine d’avant. En faisant des vérifications, je me rends compte qu’il y a des éléments qu’on a négligés. Si on laisse le travail en l’état, il y aura un problème sur le long terme. Je corrige le problème. Mais mes années d’expérience me disent que le problème va apparaître ailleurs. Même si sur le coup je n’ai pas de moyen de le trouver (ou du moins ça prendrait trop de temps). Je viens de me mettre en colère et de renier une part de moi. Celle qui sait que le mail n’était pas insultant, qu’il ya bien un problème et comme à mes 5 ans, je dis : »ce n’est pas moi ». Moi je suis parfaite.

Oui j’ai fait 2 introductions et alors, c’est chez moi ici ou pas, aujourd’hui je vous raconte mes aventures de menteuse parce que je pense que c’est le meilleur moyen de vous parler de compassion envers soi-même. Il est impératif d’avoir de la compassion pour soi-même. D’être gentil avec vous-même. Parce que sinon vous finirez par vous faire du mal de manière continue. Personne ne verra rien et pourtant,la dépression sera là: prête à emménager. Enfant, le mensonge est limpide. Il ne trompe personne. Mais il parait que l’expérience fait l’expert. Avec le temps, personne ne voit plus les gribouillis sur le mur. Vous savez les effacer ou les couvrir si vite. D’un point de vue extérieur, vous devenez un exemple. Mais à l’intérieur c’est souvent la guerre. Vous vous reniez en continu. Vous rejetez la part de vous qui n’est pas allée à la salle de sport. Ce n’était pas vous, mais une autre qui s’introduit en vous et qui vous empêche d’être vous-même. Je ne sais pas pour vous, mais si c’est le cas il vous faut un exorcisme puissant. Et pour que ce ne soit pas vous, en expert, vous inventez toutes les excuses du monde. J’étais malade, il a plu. Je fais du sport tout le temps. Une séance en moins ce n’est rien. Cependant, vous savez que c’est faux. Vous êtes bien la personne qui a annulé la séance et même s’ il ya des raisons qui peuvent expliquer votre choix, vous devez accepter ce faire et dire « J’ai choisi parce que c’est plus facile, j’ai choisi parce que ce n’est pas priorité, j’ai fait un choix et je l’assume ».

Le monde aura toujours le droit de ne pas vous accepter s’il veut. Mais si vous ne vous acceptez pas, où irez-vous? Soyez votre maison. Devenez le lieu dans lequel vous êtes toujours aimé et accepté, peu importe les évènements qui se produisent à l’extérieur. 

Je vous souhaite le meilleur que ce monde a à offrir. Je vous aime un peu , beaucoup, passionnément, à la folie. Mais surtout dans cette vie telle que vous êtes maintenant. 

Bisous les gribouilleurs!

Photo par Taylor Kopel sur Unsplash

Disposé à la découverte

Hello les gribouilleurs,

J’ai une question pour vous. Qu’est-ce qui fait de vous un adulte aujourd’hui? À quel moment avez-vous fait la transition vers l’âge adulte? Parce qu’après 30 ans, je continue à avoir du mal à me voir comme une adulte. La preuve que je gribouille ma vie, j’essaie,  je tombe et je me relève  sans discontinuité. Qu’est-ce qui fait de vous un adulte? Je pense que pour beaucoup c’est le fait qu’on attende de nous que nous soyons des produits finis, prêt à l’emploi. Ma question est ce possible, est ce réaliste? J’ai des doutes.

Il y’a un an alors que je quittais une mission, j’ai dû faire un transfert de compétence à une consultante. C’était une dame âgée qui sortait de plus de 18 mois d’arrêt et je devais lui transférer un projet sur lequel j’avais travaillé pendant un an. C’était particulièrement difficile parce que j’avais l’impression que, quelle que soit l’approche que je prenais, rien ne rentrait. Je me suis mise dans les bottes de l’adulte qui juge l’autre et qui se juge dans le même temps. La réalité c’est qu’étant donné ses 10 ans d’expérience je ne voulais pas utiliser la méthode abécédaire. Je l’ai prise de haut et je me suis jugé incapable de transmettre. Alors que j’étais empêtrée dans cette situation, j’ai retrouvé une prière que j’avais écrite un an plus tôt alors que je commençais ce projet. À mes yeux il était gargantuesque. J’avais besoin du soutien de Dieu et ses acolytes pour pouvoir m’en sortir. J’ai eu une année d’apprentissage au cours de laquelle je suis souvent tombé. Mais j’étais là en train de juger cette dame qui avait survécu à je ne sais quel enfer parce qu’en 1h elle ne s’y retrouvait pas. 

Lire cette prière m’a ramené à la vérité.  Je me suis rappelé que ce que je transmets, je l’avais appris. J’ai eu le courage de me rendre compte que ce qui est construit aujourd’hui a été pensé. J’ai passé des nuits blanches pour que ce projet puisse ressembler à ceux à quoi il ressemblait ce jour-là. Et il était normal que des personnes extérieures au processus aient du mal à comprendre. J’avais peur que mon projet perde sa valeur si je n’étais pas capable de le transmettre. Mais alors que je relisais ma prière, j’ai compris que: NOUVEAU=DISPOSE À LA DÉCOUVERTE. Je suis devenue plus patiente avec la collègue et je lui ai transmis ce que je pouvais partager. 

Mais au-delà de ma collègue, ce que je pouvais voir à travers cette histoire c’était la perception que j’avais de moi-même. Je voulais être des produits finis, ceux qui apprennent vite parce que la nature a été généreuse avec eux. Je voulais être un génie “intsgrammable”. Avoir le très bien sans effort. Et je ne voulais pas admettre la possibilité qu’à moi aussi, il peut m’arriver d’être une vraie tarentule. 

J’ai également  compris que je me suis énervée parce que le fait que mes collègues ne comprennent pas me mettait face à la peur que je peux ressentir de ne pas comprendre ce qui est nouveau et d’être jugée sur cette base. Et pourtant c’est normal. NOUVEAU=DISPOSÉ À ÊTRE DÉCOUVERT. Du coup, vouloir faire bonne figure parfois nous prive de la beauté derrière la curiosité.  L’appétit de l’enfant qui découvre quelque chose de nouveau et qui s’attarde sur le moindre détail.

Pourquoi cette histoire? Et bien, parfois nous demandons aux autres de comprendre en deux secondes ce que nous avons pris des années à comprendre. Parfois nous demandons aux autres de nous aimer alors que nous sommes à peine capables de comprendre ce que c’est de nous aimer nous même. Quand vous demandez à une personne de vous comprendre et qu’elle n’y arrive pas, rappelez-vous que la répétition est la mère de l’éducation. Quand vous expliquez à une personne une chose qu’elle ne comprend pas, assurez-vous que votre but n’est pas de la changer (nous sommes presque tous réfractaires au changement). Quand vous expliquez une chose à quelqu’un, assurez-vous que la personne a besoin de cette explication: on comprend beaucoup plus vite les choses qui nous intéressent.

Ce texte, je l’écris pour moi avant tout. Et si d’aventure il vous inspire, je rendrais une grâce de plus à Dieu. Je vous souhaite d’être compris par ceux que vous aimez. Je vous souhaite de comprendre ceux qui vous aiment. Et je prie afin que Dieu me donne la grâce d’être patiente quand je veux être entendue et comprise.

 Je vous aime un peu beaucoup, passionnément, pas à la folie.

Photos par Polina Silivanova on Unsplash

Trompe-l’œil: Tu ne me connais pas

Hello les gribouilleurs,

Ce matin je me suis mise en colère  et je suis fière de moi. Je n’ai pas procrastiné, j’ai réagi à chaud, j’ai défendu mon territoire. Ma fierté me surprend, mais elle est légitime. Parce que, pendant près de 30 ans, J’ai tu toute forme de colère en moi.  Pendant des années j’ai nié allègrement et avec fierté le fait que je pouvais me mettre en colère, que je pouvais être contre la manière dont on me traitait, que j’avais le droit à la parole. Je prenais la parole uniquement si ma vie ou mon travail en dépendait et dans ces moments-là, j’étais la petite fille devant le mur et je disais que ce n’est pas moi. Alors ce matin après avoir exprimé ma colère, j’ai dit NON et je suis fière de moi.

L’histoire commence par cette phrase: « Je te connais et tu es en mode autodestruction et tu as besoin que quelqu’un t’aime comme moi pour ne pas te détruire ». Dans ma tête j’entends cette phrase et je la vis comme une attaque. Je l’ai déjà entendue, sous d’autres formes. Mais aujourd’hui, je ne vais pas dire OK. Je réponds et je me rends compte que ma voix est montée très haut, trop haut. Mais je ne me formalise pas et je continue le concert. Je refuse que qui que ce soit me dise ce que je dois faire de ma vie. Pire, un presque inconnu. Je suis en train de gribouiller la manière dont je veux être traitée. Je ne le fais pas de la meilleure des manières, mais je n’ai pas l’intention de m’excuser. Au contraire, j’ai l’intention d’apprendre à dire NON.

Pendant longtemps, j’ai cru que les autres avaient le droit de me dicter mon attitude, me dire quand je devais respirer, comment je devais respirer, si même, je pouvais respirer. Mon argument pour valider cet esclavage était l’harmonie du monde, il faut prôner la paix. Sauf que cette histoire marchait bien pour les autres. En ma présence, ils étaient en paix. Dans certaines de mes histoires, j’étais le havre de paix et pourtant à l’intérieur je vivais sur un champ de mines. Mes actes de paix me mettaient souvent en guerre contre moi-même. Je voulais des choses et les validateurs que je m’étais défini voulaient d’autres choses. Dans ma tête je passais toujours après tout le monde. Au début, “Tout le monde” se limitait à mes parents et à mes enseignants. Mais avec le temps la liste s’est allongée. Je m’adapterais en continu pour que les autres se sentent bien. J’emprisonnais les parties de moi que je considérais comme étant non acceptables. J’étais bienveillante envers tout le monde sauf moi.

Cette danse  bienveillance malveillance m’a emmené à un point de ma vie où je ne savais plus qui j’étais. J’étais adulte et j’étais incapable de prendre la moindre décision sans l’aval d’une personne extérieure. J’avais besoin qu’on me dise que ma coiffure était belle, que mon maquillage allait, que c’était la bonne tenue, la bonne formation, le bon métier, sinon je me sentais dériver, incompatibles avec le monde. Ma voix n’existait pas dans mon propre espace. Je me sentais comme l’outil d’un mauvais marionnettiste, tant j’avais l’impression que tout allait de travers.

Et un jour, devant l’étang de mes larmes, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus vivre de cette manière. La guerre à l’intérieur me prenait trop d’espace. Au début, j’ai cru que je ne faisais que rompre avec mon copain. Mais au bout d’un an, je me suis rendu compte que j’avais décidé de rompre avec les besoins du monde. J’avais commencé à faire le ménage et j’ai découvert sous une tonne de poussière, sans voix et épuisée, une « moi » qui ne demandait qu’à rentrer chez elle. Un être  puissant qui avait besoin de liberté et  qui ne demandait qu’à vivre.

La leçon que j’ai apprise est la suivante, si vous recevez plus de critiques de vous-même que des autres, posez- vous un moment et demandez-vous s’il s’agit vraiment de vous ou si vous avez invité une horde de démons mangeurs de vie dans votre tête. Et comme ce sera le cas, chassez-les, vous êtes chez vous. Votre tête, votre cœur, c’est votre maison et c’est à vous de décider. Votre maison a été conçue pour la paix, pas pour l’inquiétude. Votre maison est un espace de décision et non de jugement. Vous y êtes en sécurité, que rien ni personne ne vous fasse croire le contraire. Dans « Dare to Lead », Brene Brown nous dit « Si vous rejetez toutes les remarques, vous arrêtez de grandir, si vous prenez en compte toutes les remarques, ça fait tellement mal que vous êtes obligés et créés une armure et de vous défaire de votre vulnérabilité et finalement de voter humanité ». Votre première bénédiction, c’est d’être en vie. Le reste, c’est un bonus. Ayez le courage de faire le ménage, lavez chaque part de vous que les autres n’ont pas su accepter et vivez. Après tout, un jour, vous ne serez plus ici.

Le projet des gribouillis d’adultes a germé dans ma tête il y a des années, mais je n’avais jamais eu le courage d’aller jusqu’au bout. J’avais toujours l’excuse parfaite. Le processus qui m’a permis de dire NON ce jour-là est le même qui me permet de rendre publics ces textes. Alors la prochaine fois que vous penserez que vous n’avez pas votre place ici, pensez à moi. Vous avez le droit de faire le ménage. 

Je vous aime, beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.

Photos par Adrian Fernández on Unsplash

Danser sous la pluie

Hello les gribouilleurs!!!!

Vous ne le savez peut-être pas, mais moi j’aime me lancer des défis. C’est mon terrain de jeu. Lorsque je me lance dans un nouveau challenge, le jour que je préfère c’est le premier, celui où je me prends pour superman. Celui que je préfère encore plus  c’est le troisième,  ce jour-là le monde entier est au courant que je suis superman, un petit statut et c’est lancé. En 3 jours, je suis devenue celle qui fait  2.5 pompes par jour (Au champion olympique : merci de  ne faire aucun commentaire!). Une fois la machine de la célébrité lancée, le jour que  je déteste c’est celui qui arrive après le quatrième  jour. En général, je me réveille  et je me demande pourquoi je m’impose des trucs pareils: “quelle est l’obscure raison pour laquelle j’ai décidé de faire une pompe de plus tous les jours?” . C’est aussi le jour où je mets à jour mon dictionnaire de mots grossiers et que je me retourne contre le seul humain avec lequel je suis obligé de vivre “MOI”. 

Mon histoire commence l’un de ces vilains jours. J’étais en plein challenge  de 6 mois de discipline, réveil à 5h30, lecture… Sauf qu’il était 10h, on était samedi et j’étais encore dans mon lit en train de me demander si je ne pouvais pas dormir 3 ou 4h de plus. Ce que j’ai décidé de faire, après tout les carottes étaient déjà cuites, pourquoi ne pas faire une petite purée. Trois heures plus tard, je sors enfin du lit. Et là ,mon monde s’écroule, la sentence est lourde :  je suis une incapable. Il n’y a pas de mot pour exprimer ma détresse. J’ai échoué, je n’arriverai jamais à tenir des objectifs sur le long terme…bla bla bla. J’ai fini en larme au pied de mon canapé. 

À 17h ma journée n’avait toujours pas commencé et je me disais que ça ne valait pas la peine de continuer ce défi si c’était pour finir comme ça. Sauf que  j’avais préparé ce challenge pendant un mois. J’avais étudié chaque détail au millimètre près, y compris les choses qui étaient susceptibles de me freiner. Pendant un mois, j’avais lu 300 pages d’un livre qui expliquaient comment optimiser son année. J’avais  pris une tonne de notes. Je me suis amusée à faire des arbres de décisions. J’ai pris le temps et pourtant là,  j’étais sur le point d’abandonner. Ce rappel a ramené un peu de lumière dans ma journée.  J’ai découvert que mon rêve m’avait placé en plein dans ma zone d’inconfort et c’était particulièrement désagréable. Je voulais réussir mon challenge, mais je n’avais pas encore le courage d’être la personne qui allait le faire. Je devais arrêter de me dire que ça devait être facile.

J’avais deux options, soit je faisais quelques pas en arrière et j’étais de retour dans ma zone confortable, soit j’acceptais de continuer et de m’enliser dans l’inconfort en sachant que je ne faisais que créer un confort futur. Ce jour-là, j’ai choisi de rester dans l’inconfort et d’en faire un ami. J’allais continuer. J’irai jusqu’au bout de mon défi. Aujourd’hui, j’aimerais vous dire que si vous décidez de changer, vous devez savoir une chose, ce ne sera pas une partie de plaisir. Si vous décidez de faire quelque chose de nouveau, vous devez devenir une personne différente, quelqu’un que vous n’avez jamais été (Lisa Nichols le dit, pas moi).

Je lis souvent que  pour être heureux, vous devez apprendre à danser sous la pluie. Ce qu’on ne vous dit pas c’est que vous allez attraper un rhume et que malgré le rhume, vous devrez continuer à danser. Vous devrez tenir bon jusqu’à ce qu’un jour votre corps comprenne  qu’il a le choix entre s’adapter à la pluie et continuer le cycle du rhume, mais que dans tous les cas vous n’arrêterez pas de danser. Et croyez-moi (histoire vraie), le corps fera le choix de vous laisser en paix. La pluie deviendra votre environnement naturel. Mais avant d’y arriver, vous passerez sans doute par des moments d’inconfort que même votre esprit est incapable d’envisager. Qu’aucune larme ne vous décourage. Qu’aucun ami ne vous donne l’impression que vous êtes en train de devenir fou. Mais ça en vaut la peine. La joie prend une tout autre dimension sous la pluie. Ça en vaut la peine.Vos rêves ont une raison d’être. Mais parfois pour y arriver , vous devez passer par des processus difficiles à intégrer. Ne vous découragez pas, de l’autre côté du brouillard, de l’autre côté de l’inconfort, se trouve une zone qui vaut la peine d’être explorée: un confort plus grand. 

Je vous souhaite de trouver le courage de passer du temps hors de votre zone de confort et de tenir bon. Je vous aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas à la folie. 

Photos par Josh Calabrese on Unsplash