Gribouillage

Disposé à la découverte

Hello les gribouilleurs,

J’ai une question pour vous. Qu’est-ce qui fait de vous un adulte aujourd’hui? À quel moment avez-vous fait la transition vers l’âge adulte? Parce qu’après 30 ans, je continue à avoir du mal à me voir comme une adulte. La preuve que je gribouille ma vie, j’essaie,  je tombe et je me relève  sans discontinuité. Qu’est-ce qui fait de vous un adulte? Je pense que pour beaucoup c’est le fait qu’on attende de nous que nous soyons des produits finis, prêt à l’emploi. Ma question est ce possible, est ce réaliste? J’ai des doutes.

Il y’a un an alors que je quittais une mission, j’ai dû faire un transfert de compétence à une consultante. C’était une dame âgée qui sortait de plus de 18 mois d’arrêt et je devais lui transférer un projet sur lequel j’avais travaillé pendant un an. C’était particulièrement difficile parce que j’avais l’impression que, quelle que soit l’approche que je prenais, rien ne rentrait. Je me suis mise dans les bottes de l’adulte qui juge l’autre et qui se juge dans le même temps. La réalité c’est qu’étant donné ses 10 ans d’expérience je ne voulais pas utiliser la méthode abécédaire. Je l’ai prise de haut et je me suis jugé incapable de transmettre. Alors que j’étais empêtrée dans cette situation, j’ai retrouvé une prière que j’avais écrite un an plus tôt alors que je commençais ce projet. À mes yeux il était gargantuesque. J’avais besoin du soutien de Dieu et ses acolytes pour pouvoir m’en sortir. J’ai eu une année d’apprentissage au cours de laquelle je suis souvent tombé. Mais j’étais là en train de juger cette dame qui avait survécu à je ne sais quel enfer parce qu’en 1h elle ne s’y retrouvait pas. 

Lire cette prière m’a ramené à la vérité.  Je me suis rappelé que ce que je transmets, je l’avais appris. J’ai eu le courage de me rendre compte que ce qui est construit aujourd’hui a été pensé. J’ai passé des nuits blanches pour que ce projet puisse ressembler à ceux à quoi il ressemblait ce jour-là. Et il était normal que des personnes extérieures au processus aient du mal à comprendre. J’avais peur que mon projet perde sa valeur si je n’étais pas capable de le transmettre. Mais alors que je relisais ma prière, j’ai compris que: NOUVEAU=DISPOSE À LA DÉCOUVERTE. Je suis devenue plus patiente avec la collègue et je lui ai transmis ce que je pouvais partager. 

Mais au-delà de ma collègue, ce que je pouvais voir à travers cette histoire c’était la perception que j’avais de moi-même. Je voulais être des produits finis, ceux qui apprennent vite parce que la nature a été généreuse avec eux. Je voulais être un génie “intsgrammable”. Avoir le très bien sans effort. Et je ne voulais pas admettre la possibilité qu’à moi aussi, il peut m’arriver d’être une vraie tarentule. 

J’ai également  compris que je me suis énervée parce que le fait que mes collègues ne comprennent pas me mettait face à la peur que je peux ressentir de ne pas comprendre ce qui est nouveau et d’être jugée sur cette base. Et pourtant c’est normal. NOUVEAU=DISPOSÉ À ÊTRE DÉCOUVERT. Du coup, vouloir faire bonne figure parfois nous prive de la beauté derrière la curiosité.  L’appétit de l’enfant qui découvre quelque chose de nouveau et qui s’attarde sur le moindre détail.

Pourquoi cette histoire? Et bien, parfois nous demandons aux autres de comprendre en deux secondes ce que nous avons pris des années à comprendre. Parfois nous demandons aux autres de nous aimer alors que nous sommes à peine capables de comprendre ce que c’est de nous aimer nous même. Quand vous demandez à une personne de vous comprendre et qu’elle n’y arrive pas, rappelez-vous que la répétition est la mère de l’éducation. Quand vous expliquez à une personne une chose qu’elle ne comprend pas, assurez-vous que votre but n’est pas de la changer (nous sommes presque tous réfractaires au changement). Quand vous expliquez une chose à quelqu’un, assurez-vous que la personne a besoin de cette explication: on comprend beaucoup plus vite les choses qui nous intéressent.

Ce texte, je l’écris pour moi avant tout. Et si d’aventure il vous inspire, je rendrais une grâce de plus à Dieu. Je vous souhaite d’être compris par ceux que vous aimez. Je vous souhaite de comprendre ceux qui vous aiment. Et je prie afin que Dieu me donne la grâce d’être patiente quand je veux être entendue et comprise.

 Je vous aime un peu beaucoup, passionnément, pas à la folie.

Photos par Polina Silivanova on Unsplash

Trompe-l’œil: Tu ne me connais pas

Hello les gribouilleurs,

Ce matin je me suis mise en colère  et je suis fière de moi. Je n’ai pas procrastiné, j’ai réagi à chaud, j’ai défendu mon territoire. Ma fierté me surprend, mais elle est légitime. Parce que, pendant près de 30 ans, J’ai tu toute forme de colère en moi.  Pendant des années j’ai nié allègrement et avec fierté le fait que je pouvais me mettre en colère, que je pouvais être contre la manière dont on me traitait, que j’avais le droit à la parole. Je prenais la parole uniquement si ma vie ou mon travail en dépendait et dans ces moments-là, j’étais la petite fille devant le mur et je disais que ce n’est pas moi. Alors ce matin après avoir exprimé ma colère, j’ai dit NON et je suis fière de moi.

L’histoire commence par cette phrase: « Je te connais et tu es en mode autodestruction et tu as besoin que quelqu’un t’aime comme moi pour ne pas te détruire ». Dans ma tête j’entends cette phrase et je la vis comme une attaque. Je l’ai déjà entendue, sous d’autres formes. Mais aujourd’hui, je ne vais pas dire OK. Je réponds et je me rends compte que ma voix est montée très haut, trop haut. Mais je ne me formalise pas et je continue le concert. Je refuse que qui que ce soit me dise ce que je dois faire de ma vie. Pire, un presque inconnu. Je suis en train de gribouiller la manière dont je veux être traitée. Je ne le fais pas de la meilleure des manières, mais je n’ai pas l’intention de m’excuser. Au contraire, j’ai l’intention d’apprendre à dire NON.

Pendant longtemps, j’ai cru que les autres avaient le droit de me dicter mon attitude, me dire quand je devais respirer, comment je devais respirer, si même, je pouvais respirer. Mon argument pour valider cet esclavage était l’harmonie du monde, il faut prôner la paix. Sauf que cette histoire marchait bien pour les autres. En ma présence, ils étaient en paix. Dans certaines de mes histoires, j’étais le havre de paix et pourtant à l’intérieur je vivais sur un champ de mines. Mes actes de paix me mettaient souvent en guerre contre moi-même. Je voulais des choses et les validateurs que je m’étais défini voulaient d’autres choses. Dans ma tête je passais toujours après tout le monde. Au début, “Tout le monde” se limitait à mes parents et à mes enseignants. Mais avec le temps la liste s’est allongée. Je m’adapterais en continu pour que les autres se sentent bien. J’emprisonnais les parties de moi que je considérais comme étant non acceptables. J’étais bienveillante envers tout le monde sauf moi.

Cette danse  bienveillance malveillance m’a emmené à un point de ma vie où je ne savais plus qui j’étais. J’étais adulte et j’étais incapable de prendre la moindre décision sans l’aval d’une personne extérieure. J’avais besoin qu’on me dise que ma coiffure était belle, que mon maquillage allait, que c’était la bonne tenue, la bonne formation, le bon métier, sinon je me sentais dériver, incompatibles avec le monde. Ma voix n’existait pas dans mon propre espace. Je me sentais comme l’outil d’un mauvais marionnettiste, tant j’avais l’impression que tout allait de travers.

Et un jour, devant l’étang de mes larmes, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus vivre de cette manière. La guerre à l’intérieur me prenait trop d’espace. Au début, j’ai cru que je ne faisais que rompre avec mon copain. Mais au bout d’un an, je me suis rendu compte que j’avais décidé de rompre avec les besoins du monde. J’avais commencé à faire le ménage et j’ai découvert sous une tonne de poussière, sans voix et épuisée, une « moi » qui ne demandait qu’à rentrer chez elle. Un être  puissant qui avait besoin de liberté et  qui ne demandait qu’à vivre.

La leçon que j’ai apprise est la suivante, si vous recevez plus de critiques de vous-même que des autres, posez- vous un moment et demandez-vous s’il s’agit vraiment de vous ou si vous avez invité une horde de démons mangeurs de vie dans votre tête. Et comme ce sera le cas, chassez-les, vous êtes chez vous. Votre tête, votre cœur, c’est votre maison et c’est à vous de décider. Votre maison a été conçue pour la paix, pas pour l’inquiétude. Votre maison est un espace de décision et non de jugement. Vous y êtes en sécurité, que rien ni personne ne vous fasse croire le contraire. Dans « Dare to Lead », Brene Brown nous dit « Si vous rejetez toutes les remarques, vous arrêtez de grandir, si vous prenez en compte toutes les remarques, ça fait tellement mal que vous êtes obligés et créés une armure et de vous défaire de votre vulnérabilité et finalement de voter humanité ». Votre première bénédiction, c’est d’être en vie. Le reste, c’est un bonus. Ayez le courage de faire le ménage, lavez chaque part de vous que les autres n’ont pas su accepter et vivez. Après tout, un jour, vous ne serez plus ici.

Le projet des gribouillis d’adultes a germé dans ma tête il y a des années, mais je n’avais jamais eu le courage d’aller jusqu’au bout. J’avais toujours l’excuse parfaite. Le processus qui m’a permis de dire NON ce jour-là est le même qui me permet de rendre publics ces textes. Alors la prochaine fois que vous penserez que vous n’avez pas votre place ici, pensez à moi. Vous avez le droit de faire le ménage. 

Je vous aime, beaucoup, passionnément, mais pas à la folie.

Photos par Adrian Fernández on Unsplash

Danser sous la pluie

Hello les gribouilleurs!!!!

Vous ne le savez peut-être pas, mais moi j’aime me lancer des défis. C’est mon terrain de jeu. Lorsque je me lance dans un nouveau challenge, le jour que je préfère c’est le premier, celui où je me prends pour superman. Celui que je préfère encore plus  c’est le troisième,  ce jour-là le monde entier est au courant que je suis superman, un petit statut et c’est lancé. En 3 jours, je suis devenue celle qui fait  2.5 pompes par jour (Au champion olympique : merci de  ne faire aucun commentaire!). Une fois la machine de la célébrité lancée, le jour que  je déteste c’est celui qui arrive après le quatrième  jour. En général, je me réveille  et je me demande pourquoi je m’impose des trucs pareils: “quelle est l’obscure raison pour laquelle j’ai décidé de faire une pompe de plus tous les jours?” . C’est aussi le jour où je mets à jour mon dictionnaire de mots grossiers et que je me retourne contre le seul humain avec lequel je suis obligé de vivre “MOI”. 

Mon histoire commence l’un de ces vilains jours. J’étais en plein challenge  de 6 mois de discipline, réveil à 5h30, lecture… Sauf qu’il était 10h, on était samedi et j’étais encore dans mon lit en train de me demander si je ne pouvais pas dormir 3 ou 4h de plus. Ce que j’ai décidé de faire, après tout les carottes étaient déjà cuites, pourquoi ne pas faire une petite purée. Trois heures plus tard, je sors enfin du lit. Et là ,mon monde s’écroule, la sentence est lourde :  je suis une incapable. Il n’y a pas de mot pour exprimer ma détresse. J’ai échoué, je n’arriverai jamais à tenir des objectifs sur le long terme…bla bla bla. J’ai fini en larme au pied de mon canapé. 

À 17h ma journée n’avait toujours pas commencé et je me disais que ça ne valait pas la peine de continuer ce défi si c’était pour finir comme ça. Sauf que  j’avais préparé ce challenge pendant un mois. J’avais étudié chaque détail au millimètre près, y compris les choses qui étaient susceptibles de me freiner. Pendant un mois, j’avais lu 300 pages d’un livre qui expliquaient comment optimiser son année. J’avais  pris une tonne de notes. Je me suis amusée à faire des arbres de décisions. J’ai pris le temps et pourtant là,  j’étais sur le point d’abandonner. Ce rappel a ramené un peu de lumière dans ma journée.  J’ai découvert que mon rêve m’avait placé en plein dans ma zone d’inconfort et c’était particulièrement désagréable. Je voulais réussir mon challenge, mais je n’avais pas encore le courage d’être la personne qui allait le faire. Je devais arrêter de me dire que ça devait être facile.

J’avais deux options, soit je faisais quelques pas en arrière et j’étais de retour dans ma zone confortable, soit j’acceptais de continuer et de m’enliser dans l’inconfort en sachant que je ne faisais que créer un confort futur. Ce jour-là, j’ai choisi de rester dans l’inconfort et d’en faire un ami. J’allais continuer. J’irai jusqu’au bout de mon défi. Aujourd’hui, j’aimerais vous dire que si vous décidez de changer, vous devez savoir une chose, ce ne sera pas une partie de plaisir. Si vous décidez de faire quelque chose de nouveau, vous devez devenir une personne différente, quelqu’un que vous n’avez jamais été (Lisa Nichols le dit, pas moi).

Je lis souvent que  pour être heureux, vous devez apprendre à danser sous la pluie. Ce qu’on ne vous dit pas c’est que vous allez attraper un rhume et que malgré le rhume, vous devrez continuer à danser. Vous devrez tenir bon jusqu’à ce qu’un jour votre corps comprenne  qu’il a le choix entre s’adapter à la pluie et continuer le cycle du rhume, mais que dans tous les cas vous n’arrêterez pas de danser. Et croyez-moi (histoire vraie), le corps fera le choix de vous laisser en paix. La pluie deviendra votre environnement naturel. Mais avant d’y arriver, vous passerez sans doute par des moments d’inconfort que même votre esprit est incapable d’envisager. Qu’aucune larme ne vous décourage. Qu’aucun ami ne vous donne l’impression que vous êtes en train de devenir fou. Mais ça en vaut la peine. La joie prend une tout autre dimension sous la pluie. Ça en vaut la peine.Vos rêves ont une raison d’être. Mais parfois pour y arriver , vous devez passer par des processus difficiles à intégrer. Ne vous découragez pas, de l’autre côté du brouillard, de l’autre côté de l’inconfort, se trouve une zone qui vaut la peine d’être explorée: un confort plus grand. 

Je vous souhaite de trouver le courage de passer du temps hors de votre zone de confort et de tenir bon. Je vous aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas à la folie. 

Photos par Josh Calabrese on Unsplash