Hello les Gribouilleurs!
J’ai une petite histoire pour vous ce matin (ou ce soir).
Je suis devant le mur. J’ai 5 ans et je souris de toutes les dents. Je viens de réaliser une œuvre de grand ordre. Le papier blanc devant moi est couvert de couleurs et de feutre et je suis heureuse. Quand maman et papa vont voir ça, ils seront contents. À ce moment, j’entends quelqu’un crier derrière moi. Elle est en colère. Je ne comprends pas pourquoi. Ses yeux jettent de véritables éclairs. Elle est au coude à coude avec les jours de grandes pluies. Qu’est-ce qui ne va pas ? Peut-être que si je lui montre mon œuvre elle sera contente et elle n’aura plus cet air. Elle pointe quelque chose derrière moi. C’est mon dessin. Je ne comprends pas. Elle me regarde et elle me demande “Qui a fait ça? Qui a dessiné sur le mur?”. J’entends, mais je ne comprends pas. Je suis un enfant. Le mur? Qu’est-ce que c’est? Je viens de comprendre. Ce n’est pas une grosse feuille blanche derrière moi. C’est un mur et l’on dirait bien qu’il ne faut pas dessiner dessus. J’ai rendu maman malheureuse et maintenant je ne sais plus quoi faire. Alors je me retourne et je fais la première chose qui me passe par la tête. Je réponds de ma voix la plus douce:”Ce n’est pas moi.” Je viens d’apprendre ma première leçon d’autosabotage et de rejet de moi-même. Je viens de décider que si ça ne plaît pas à ceux que j’aime, pour éviter de les rendre malheureux je dirai que ce n’est pas moi. Avec des mots ou une attitude, c’est pareil.
J’ai 30 ans et je viens de recevoir un mail qui parle d’un travail que j’ai fait. Pendant 6 mois on a travaillé comme des damnés et dans le mail quelqu’un s’est amusé à dire qu’on a fait beaucoup d’erreurs et que notre travail c’est n’importe quoi. L’auteur n’a pas utilisé ces mots, mais je ne suis pas dupe, je reconnais l’insulte même lorsqu’on essaie de la cacher sous de grande politesse. Je réponds au mail et avec politesse, je dis que les erreurs en question, ce n’est pas moi et encore moins mon équipe. On a utilisé les informations qu’on nous a données et on a fait notre travail. Au moment où je clique sur le bouton « envoyer », je me souviens d’un événement la semaine d’avant. En faisant des vérifications, je me rends compte qu’il y a des éléments qu’on a négligés. Si on laisse le travail en l’état, il y aura un problème sur le long terme. Je corrige le problème. Mais mes années d’expérience me disent que le problème va apparaître ailleurs. Même si sur le coup je n’ai pas de moyen de le trouver (ou du moins ça prendrait trop de temps). Je viens de me mettre en colère et de renier une part de moi. Celle qui sait que le mail n’était pas insultant, qu’il ya bien un problème et comme à mes 5 ans, je dis : »ce n’est pas moi ». Moi je suis parfaite.
Oui j’ai fait 2 introductions et alors, c’est chez moi ici ou pas, aujourd’hui je vous raconte mes aventures de menteuse parce que je pense que c’est le meilleur moyen de vous parler de compassion envers soi-même. Il est impératif d’avoir de la compassion pour soi-même. D’être gentil avec vous-même. Parce que sinon vous finirez par vous faire du mal de manière continue. Personne ne verra rien et pourtant,la dépression sera là: prête à emménager. Enfant, le mensonge est limpide. Il ne trompe personne. Mais il parait que l’expérience fait l’expert. Avec le temps, personne ne voit plus les gribouillis sur le mur. Vous savez les effacer ou les couvrir si vite. D’un point de vue extérieur, vous devenez un exemple. Mais à l’intérieur c’est souvent la guerre. Vous vous reniez en continu. Vous rejetez la part de vous qui n’est pas allée à la salle de sport. Ce n’était pas vous, mais une autre qui s’introduit en vous et qui vous empêche d’être vous-même. Je ne sais pas pour vous, mais si c’est le cas il vous faut un exorcisme puissant. Et pour que ce ne soit pas vous, en expert, vous inventez toutes les excuses du monde. J’étais malade, il a plu. Je fais du sport tout le temps. Une séance en moins ce n’est rien. Cependant, vous savez que c’est faux. Vous êtes bien la personne qui a annulé la séance et même s’ il ya des raisons qui peuvent expliquer votre choix, vous devez accepter ce faire et dire « J’ai choisi parce que c’est plus facile, j’ai choisi parce que ce n’est pas priorité, j’ai fait un choix et je l’assume ».
Le monde aura toujours le droit de ne pas vous accepter s’il veut. Mais si vous ne vous acceptez pas, où irez-vous? Soyez votre maison. Devenez le lieu dans lequel vous êtes toujours aimé et accepté, peu importe les évènements qui se produisent à l’extérieur.
Je vous souhaite le meilleur que ce monde a à offrir. Je vous aime un peu , beaucoup, passionnément, à la folie. Mais surtout dans cette vie telle que vous êtes maintenant.
Bisous les gribouilleurs!
Photo par Taylor Kopel sur Unsplash