Un conte chinois raconte :
« Un vieux fermier avait pour seule richesse un vieux cheval grâce auquel il labourait ses champs. Un jour, le cheval s’enfuit vers les collines. Ses voisins, qui le prenaient en sympathie, lui dirent : « Quelle malchance ! » et lui répondit : « Chance ou malchance, qui peut le dire ? ». Une semaine plus tard, le cheval revint des collines avec un troupeau de chevaux sauvages, et les voisins félicitèrent le fermier pour sa bonne chance. Il répondit encore : « Chance ou malchance, qui peut le dire ? » Puis, lorsque son fils, voulant dompter un des chevaux sauvages, fit une chute et se brisa la jambe, tout le monde pensa que c’était une grande malchance. Le fermier, lui, se contenta de dire : « Chance ou malchance, qui peut le dire ? » Quelques semaines plus tard, des soldats de l’armée entrèrent dans le village et mobilisèrent tous les jeunes gens valides pour partir en guerre. Quand ils aperçurent le fils du fermier avec sa jambe cassée, ils le dispensèrent du service. Était-ce de la chance ? De la malchance ? Qui peut le dire ? Tout ce qui, à première vue, semble un mal peut, en fait, être un bien déguisé. Et tout ce qui, à première vue, semble un bien, peut en réalité être un mal. »
Je commence cet article par un texte qui n’est pas de moi parce que finalement, ce texte m’a ramenée devant le clavier. Cela fait 6 mois que je n’ai rien posté sur le blog et cela fait quelques mois que je n’ai pas écrit. À quoi cela est dû ? J’ai envie de dire que j’ai manqué de temps, mais je m’abstiendrai de mentir. Je n’arrivais pas à écrire. Je ne voulais pas vous dire d’être calme alors qu’à l’intérieur j’avais du mal à maintenir ce calme. Je suis reconnaissante pour cette période de navigation à vue. J’ai envie de dire que j’ai fait des lignes encore plus courbes que d’habitude et que j’ai eu encore plus de mal à accorder les couleurs sur le dessin de ma vie. Mais j’ai aussi, et surtout, appris à plonger dans la tempête parce que c’était ma tempête et que la seule personne qui pouvait l’arrêter c’était moi.
Aujourd’hui, je vous parle de jalousie. J’ai toujours pensé qu’il y a deux choses sur terre qui sont laides : la jalousie et l’envie. Ces deux sorcières, au-delà de rendre les gens méchants, aigris et insensibles, minimisent souvent les combats et les victoires des autres. Pourquoi je veux parler de jalousie ? Parce que j’ai surpris les enfants que j’héberge dans mon cerveau en flagrant délit de jalousie. Je me suis entendue penser, « Si je n’étais pas passée par telle situation, j’aurais la même réussite que X ou Y. ». Cette pensée avait une certaine assurance. Elle était sûre d’avoir sa place dans ma tête. Au début, ça m’a attristée. Qu’est-ce qui m’est arrivé ces derniers mois pour que j’aie de telles pensées ? Je n’ai pas compris. Mais une introspection poussée m’a permis de me rendre compte que je ne me voyais plus, je passais trop de temps avec mes erreurs. J’ai perdu de vue mes accomplissements. Je vivais certains jours dans le passé en choisissant soigneusement tout ce qui n’avait pas été à mon goût et je me projetais dans un futur qui était la collection exponentielle de mes échecs. Je m’attendais au pire. Je savais tout ce qui se passerait mal. J’anticipais les pièges futurs, j’étais en guerre et mon ennemi c’était moi.
Ça vous arrive à vous aussi ? De vous dire que vous êtes à zéro, que vous étiez mieux avant et que vous serez pire plus tard ? Je me suis réveillée certains matins avec la certitude que je ne serais pas à la hauteur de la nouvelle journée. J’ai joué la sorcière de ma vie avec excellence (je mérite des félicitations). Le terrain sur lequel je plantais à présent mes rêves était une terre aride qui ne peut rien produire de bon. J’étais installée dans cette routine jusqu’au jour où cette pensée est venue naturellement. J’étais devant les fruits de ce que j’avais planté. Et comme ces fruits ne me correspondaient pas, j’ai décidé de changer radicalement.
J’ai découvert qu’il n’y a pas de demi-mesure lorsqu’on décide de s’aimer. Vous ne pouvez pas décider de prendre soin de vous et continuer à vendre vos échecs en minimisant vos victoires. S’aimer, c’est aussi aimer son histoire, aimer ses blessures, aimer ses cicatrices et noter les leçons derrière chaque échec. S’aimer, c’est effacer les mots de ceux qui nous ont dit ou montré à travers leurs actes qu’on n’était pas assez. S’aimer est une décision radicale. Il n’y a pas de retour en arrière. J’ai regardé la pensée qui disait que les autres sont mieux et j’ai eu de la compassion pour la version de moi qui le disait. J’ai entendu le cri en moi. Je lui ai dit que ce qui me manque pour avancer dans la vie, c’est son amour. C’est qu’elle démissionne de sa mission de tyran. Je lui ai répondu que ce dont j’ai besoin, c’est un regard de sa part. Parce qu’à force de regarder à l’extérieur, elle a oublié que l’intérieur était beau.
Chacun de nous suit un chemin que lui seul peut tracer. Si vous vous concentrez sur les chemins des autres, le vôtre disparaît. Un chemin de terre se recouvre d’herbe s’il ne sert pas. Et lorsque vous découvrez que vous êtes sur le chemin d’un autre et que vous allez à la dérive, vous regardez en arrière et il n’y a plus rien. Vous êtes perdu et vous tombez dans l’envie et sa sœur la jalousie. Vous avez alors le choix, retrouver votre chemin ou devenir un outil sur le chemin d’un autre. Si vous voulez vous prendre en main, il existe un GPS vers votre chemin : c’est la gratitude.
Après ma conversation avec dame Jalousie, j’ai demandé à Dieu comment je pouvais retrouver mon chemin et il m’a répondu que je devais le regarder et aller là où on m’aime. La gratitude et l’amour vous ramèneront toujours sur le chemin qui est le vôtre. Vous avez tout ce qu’il faut aujourd’hui pour aller vers ce à quoi vous aspirez, mais vous devez croire en vous. Vous devez croire que vous allez faire bien ou mieux demain. Vous devez accepter que la douleur n’aille pas durer. Vous devez rendre grâce pour les pas qui vous ont conduit à l’endroit où vous êtes aujourd’hui. La vie est belle, de temps en temps elle a besoin d’une douche et d’un vêtement propre, mais aucune déception, aucune mésaventure ne peut lui enlever sa beauté. Je vous souhaite de retrouver votre chemin et de vivre une vie merveilleuse. Je vous aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie.
Ah, si vous vous demandez le lien avec le texte du début, je ne sais plus, mais je sais que quoi que vous viviez aujourd’hui, « Chance ou malchance, qui peut le dire ? ».